La lecture de La Peste m’a peu touchée. J’ai trouvé les personnages assez désincarnés, froids, peinant à exister, l’exposition de leurs sentiments, de leurs analyses trop succincte. Ce qui m’a étonnée également, c’est la description d’une population entièrement française, les Algériens de souche ne sont jamais mentionnés (ce n’était peut-être pas le propos de Camus mais cela contribue à donner un récit un peu coupé de la réalité). L’histoire aurait pu se passer à Clermont-Ferrand ! Certains passages sont toutefois très bien décrits : la vie qui continue au début comme si de rien n’était, le désir du journaliste parisien de quitter la ville à tout prix, la mort de l’enfant, les hôpitaux surchargés et les difficultés des pompes funèbres à faire leur travail. Cela évoque ce que l’on vit actuellement, mais avec une grande différence, à l’époque les seules communications possibles avec l’extérieur étaient les télégrammes ou les lettres. Ne nous plaignons pas car, grâce aux mails, textos, téléphone, Skype, etc., nous sommes restés en contact les uns des autres.

Anne Pampouille (Groupe Calliope)

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« Le domaine » d’Anne Guglielmetti – Ed. Actes Sud -   C’est un livre en dehors de toute mode. Roch, après avoir consacré une trentaine d’années de travail intensif à ce domaine, n’ a pas la possibilité de le racheter, et devra le laisser. Il va raconter à Mathias, un jeune parisien, nouveau propriétaire de la maison, l’histoire de ce domaine depuis la 1^ère guerre mondiale, jusqu’à nos jours. Sous la plume d’Anne Guglielmetti, ce «domaine» va vivre, bouger, trembler comme un humain, il va nous parler, raconter son histoire, ses joies, ses peines, sa force, sa faiblesse. Rarement un écrivain par la magie de la langue a été aussi proche de la nature. Un très beau moment de lecture.      

Danielle W

« Chansons bretonnes » et « L’enfant de la guerre », - Ed. Gallimard sont deux contes autobiographiques magnifiques de J.M.G. Le Clézio.  Dans le premier, Il raconte, avec poésie, ses souvenirs d’enfance en Bretagne, où il a passé quelques étés, bercé par la langue bretonne qu’il entendait tout petit et qu’il regrette de voir disparaître. Dans « l’enfant de la guerre », il se rappelle Nice, l’explosion d’une bombe dans le jardin de son immeuble, et l’émotion intense que celle-ci avait suscitée en lui. Il dit qu’à son âge il peut raconter, se souvenir, imaginer. On est agréablement surpris que J.M.G.  Le Clézio, apôtre de la mondialisation et de l’universel puisse mettre un pas de côté pour se souvenir du temps passé et des traditions. C’est avec un grand plaisir de lecture que j’ai retrouvé cet auteur parmi les plus grands d’aujourd’hui. 

Danielle WEIBEL

C’est l’histoire d’une vie, celle de Paul Hansens emprisonné à Montréal qui déroule ses souvenirs de 1950 à 2000, du Toulouse de sa mère au Judlan natal de son père danois en passant par le Canada algonquin de la femme de sa vie.

 Le monde des Dubois est tragique, violent, la vie y est injuste (décès prématurés, les 6m2 de la cellule, la solitude) mais le burlesque n’est jamais loin. On sourit beaucoup en découvrant la formidable ronde des personnages qui entourent Paul, son père pasteur, sa mère soixante huitarde, son épouse Winona pilote d’aéroplane et surtout le truculent Horton compagnon de cellule.

Ce livre fait du bien, parfois rire. Il est pourtant mélancolique et narre l’histoire d’une chute mais ce qu’on retient c’est la bienveillance humaniste, la tendresse humaine.

 On s’attache au personnage et l’on ne découvrira la cause de son emprisonnement qu’à la fin du roman.

 Roman bien construit, pétri d’humour malgré la gravité du sujet avec des dialogues réjouissants et une belle plume

 Roselyne PRUVOT- LIENARD