Le Turquetto, le petit Turc ? mais encore... C'est par une note au lecteur que Metin Arditi introduit son roman. Il lui soumet une hypothèse liée à un tableau célèbre de la Renaissance dont la signature serait étrange. S'ensuit un riche récit esthétique et superbement écrit où la vie et les moeurs de l'époque, les intrigues religieuses et politiques, à Constantinople puis à Venise, n'ont aucun secret pour l'auteur. Un bel hommage aux peintres vénitiens du XVIe siècle décrit avec finesse et précision.

Plaisir Centre - décembre 2015

Jusqu’où peut-on aller par amour de son art ?

Elie, peintre fictif de la Renaissance italienne, disciple du Titien, pour gravir les paliers allant à la renommée à Venise, voit sa vie guidée par cet amour. Né juif à Constantinople, sa mère meurt à sa naissance en l’appelant « petit rat », il méprise son père, marchant d’esclaves, et se réfugie dans la boutique de Djelal, créateur d’encres. Il ne cesse de dessiner, calligraphier, plume, pierre noire, fusain… sous son regard scrutateur, des portraits améliorés. Lorsqu’il migre à Venise, sous le nom du Turquetto- petit turc, pour cacher ses origines, travaillant sans relâche, il se voit passer d’importantes commandes par des confréries religieuses. Jamais un peintre alliant dessin et coloris de cette façon, n’a créé une Cène servant si bien l’Eglise. Démasqué, quel avenir ?

 Dans ce roman à caractère historique retraçant un itinéraire extraordinaire mais très sombre, Metin Arditi, dans un style relevé, dépeint notamment la cruauté de ce monde et l’atmosphère des ateliers et de la Venise des plaisirs. Les personnages secondaires, Arsinée la maternelle, Rachel la modèle, Stephania, la fragile, Gandolfi, l’Eglise finissante, Scanzioni, son contraire, Cuneo l’intéressé, Zeytine le mendiant pimentent ce roman qui interroge aussi sur les origines, comme Elie qui renie longtemps son père, ou sur le pouvoir.

 L’ensemble du groupe a été enthousiasmé.

 Groupe Renaissance - Février 2013