• En souvenir d'une grande dame

    En souvenir d'une grande dame de notre association 

    Quand ayant beaucoup travaillé
    J’aurai, le cœur de pleurs mouillé,
     Cessé de vivre,
    J’irai voir le pays où sont
    Tous les bons faiseurs de chansons
      Avec leur livre. 

    Chère ombre de François Villon
    Qui, comme un grillon au sillon,
     Te fis entendre,
    Que n’ai-je pu presser tes mains,
    Quand on voulait sur les chemins
    Te faire pendre.

    Verlaine qui vas titubant,
    Chantant et semblable au dieu Pan
    Aux pieds de laine,
    Es-tu toujours simple et divin,
    Ivre de ferveur et de vin
     Bon saint Verlaine ?

    Et vous dont le destin fut tel
    Qu’il n’en est pas de plus cruel
      Pauvre Henri Heine,
    Ni de plus beau chez les humains,
    Mettez votre front dans mes mains,
    Pensons à peine.

    Moi, par la vie et ses douleurs,
    J’ai goûté l’ardeur et les pleurs
     Plus qu’on ne l’ose…
    Laissez que, lasse, près de vous,
    O mes dieux si sages et fous,
     Je me repose…

                                                                  L’ombre des jours  (1902)

    ANNA DE NOAILLES

    Photo, source Wikipédia : Anna-Elisabeth, comtesse de Noailles par Philip Alexius de Laszlo, 1913

     

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :